Relever le défi de la peinture. Voilà ce à quoi s’attèle Gilles Teboul par une pratique parallèle de la peinture et de la photographie.
De la peinture d’abord. Depuis une quinzaine d’années, l’artiste procède par retrait, par soustraction.
En raclant, en effaçant une partie de la matière qui recouvre ses toiles, il fait remonter à la surface le dessous de la peinture. Par cette mise à nu révélatrice – une façon de pénétrer en profondeur dans la matière – chaque toile devient un état aléatoire de la peinture en dé-construction.
Une mise à distance du geste de l’artiste qui va encore plus loin dans sa dernière série de travaux. Abolissant définitivement toute implication gestuelle, Gilles Teboul verse directement la peinture sur la toile posée à plat, sans intervenir dans son étalement, jusqu’à ce que le liant acrylique opaque soit définitivement fixé. L’œuvre est dès lors presque donnée tout entière dans l’instant même de sa conception.
De la photographie ensuite. En inventoriant méthodiquement le matériel utilisé pour sa création picturale (pots, tubes, palettes, flacons, gants, toiles, pinceaux, opercules, croutes…) Gilles Teboul crée des compositions inattendues à la limite de l’abstraction qui, à la façon d’un geste résurrectionnel, recréent une forme de peinture. Faisant fi de la mort théorique de la peinture maintes fois annoncée, et de sa mise à l’écart notamment institutionnelle, Gilles Teboul place au contraire le processus pictural au cœur même de sa création artistique.
Gilles Teboul est né en 1961. Il vit et travaille à Paris.
La galerie Univer l’a exposé à trois reprises en 2011, 2013 et 2016.
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