« Mon regard sur le paysage est nourri par les analogies qu’il comporte avec le corps humain.
Pour moi, les plissements de la croûte terrestre ressemblent à une peau qui frémit. Dans les formes minérales, les courbes des collines, les failles et les tensions volcaniques, je ressens les pulsations et la fragilité de la vie.
Je tends à pousser au plus loin mon penchant naturel à la paréidolie, cette tendance à “reconnaître“ un objet dans l’informe.
Dans mes travaux les plus récents, je m’intéresse aux similitudes entre les cours d’eau, les veines, et par extension, les végétaux et tous les systèmes vitaux.
L’eau irrigue la terre et elle dessine ses reliefs.
J’isole les cours d’eau de leur environnement, j’”énerve” le paysage en conservant son réseau hydraulique.
L’intérêt graphique des tracés que je relève sur des cartes m’a amenée à revenir à une pratique qui m’est chère : le dessin dans l’espace, rendu possible par l’utilisation du métal.
J’utilise la même technique dans des dessins de remous d’eau ou de vortex que je retravaille sur ordinateur pour synthétiser des formes qui sont ensuite découpées, le plus souvent au laser. Il ne reste alors que l’énergie du mouvement de l’eau qui vient se superposer à la photographie d’origine ou au dessin. »
Sylvie De Meurville