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Commissaire d’exposition Itzhak Goldberg
avec Katia Lafitte, Faust Cardinali, Joseph Caspari, Annie Lacour, Antonio Ségui, Judith Marin, Marko Echeverria…
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Entretenant depuis toujours une relation très singulière avec le paysage urbain, quelques uns parmi les artistes réunis ici semblent ignorer les bruits qui se propagent autour du projet futur du Grand Paris. Au trop plein de l’espace de la ville se succède une sorte d’arrêt suspendu, préfiguré par la peinture métaphysique de Chirico. Loin de toute vision futuriste, ces œuvres hors-temps sont des fictions où la construction se plie à la liberté totale de l’imagination, où la solitude se mêle à une étrange poésie.
Architectures de rêve, les « pagodes » d’Annie Lacour, les tours élancées de Katia Lafitte ou encore les forteresses de Joseph Caspari remontent à un passé non déterminé,médiéval peut-être et font songer aux maquettes ou aux décors de théâtre. De même, l’étrange château-fort de Faust Cardinali s’engloutit lentement dans un liquide épais, mélange d’eau et de pétrole. Cité en voie d’anéantissement, un rappel lointain de la légende selon laquelle : « dans l’espace d’un seul jour…l’Île Atlantide s’abîma dans la mer et disparut ».
Plus familiers semblent les tableaux de Judith Marin. Mais, en réalité, il s’agit d’un paysage urbain fantomatique, tantôt des constructions immenses et squelettiques, proches des échafaudages, tantôt des villes faiblement éclairées, vidées de leurs habitants.
Il faut attendre Marko Echeverria, pour croiser les premiers êtres humains. Sans aucune certitude toutefois, car tout chez lui reste évanescent, insaisissable ; d’un espace sans profondeur émergent à peine des ombres japonaises. La ville désertée se transforme en un no man’s land, entre vacuité mélancolique et beauté poétique. Soudain, toutefois, une autre vision fait irruption. La peinture d’Antonio Segui est une peinture qui marche. Des hommes au chapeau de feutre mou, les jambes démesurément écartées, traversent une rue, un carrefour ou arpentent les allées d’un parc. Au milieu de cette fragmentation chaotique, de petites figures, prises dans le tourbillon de scènes multiples, sont dispersées dans toutes les zones du tableau et forment ce que l’artiste nomme « texture urbaine ». Faut-il croire que la vie se passe ailleurs, en dehors de notre culture respectable, là où la ville s’appelle encore Ciudad ?
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Itzhak Goldberg
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